En République démocratique du Congo, la santé sexuelle et reproductive est un droit fondamental pour toutes les femmes. Ensemble, nous travaillons à sensibiliser et promouvoir ces droits, en particulier pour les jeunes filles de 10 à 24 ans. Traverser le fleuve Congo pour atteindre ces communautés n'est pas facile, mais nous sommes motivés par notre mission d'améliorer la santé maternelle et de réduire les grossesses chez les adolescentes. Comme le dit si bien ma collègue Abigaël NGOY qui distribue des intrants de planification familiale à la communauté : « Nous continuerons d’apporter des intrants de santé de la reproduction et des pilules contraceptives d'urgence pour soutenir ces jeunes femmes dans leur parcours vers une vie meilleure. »

Abigaël Ngoy, jeune volontaire et distributrice communautaire des produits de planning familial. Photo Oxfam 2023
Cet appui est important parce que la province de l'Equateur est l’une des provinces les plus affectées par plusieurs problèmes de santé sexuelle et reproductive en RDC. Pour preuve, nous avons mené une étude de base qui a révélé que plus de 50 % des femmes n'ont pas le droit de décider ce qui concerne leur corps. Aussi, il faut dire que la province de l’Équateur se distingue par des pratiques sexuelles néfastes enregistrées au sein de la communauté.
De plus, c’est l'une des provinces qui enregistrent des taux élevés de mortalité maternelle à cause des décès de femmes enceintes qui meurent en donnant la vie. Le constat que nous avons fait est que les femmes et les jeunes filles n'ont pas vraiment accès à l'information relative à leur santé sexuelle et reproductive. C'est ce qui a motivé le choix de cette province pour mettre en œuvre ce programme.
En tant que responsable du projet Santé sexuelle et reproductive (SSR), notre priorité est de répondre aux besoins spécifiques des jeunes filles, garçons et adolescent (e)s âgés de 10 à 24 ans, tout en fournissant d’autres services adaptés aux autres membres de la communauté, y compris les personnes autochtones et les personnes touchées par des catastrophes naturelles.
Dans ces régions où les eaux montent fréquemment, il est essentiel de prendre en compte les maladies d’origine hydrique telles que le choléra, la fièvre typhoïde, la diarrhée, etc. et d'agir rapidement pour éviter des pertes en vies humaines considérables. C'est pourquoi, nous travaillons étroitement avec les communautés LGBTQI+, les personnes déplacées et les nomades du Nganda Kinshasa, afin de leur fournir des services de santé sexuelle et reproductive nécessaires pour leur bien-être.
Collaborer avec les leaders communautaires et religieux pour promouvoir l'égalité des droits des femmes en Équateur.

Formation des prestataires des soins par les sociétés congolaise et canadienne des gynécologues et obstétriciens. Photo Oxfam 2023
Nous avons reconnu l'importance de surmonter les obstacles liés à la religion dans la diffusion d'informations sur les droits et la santé sexuelle et reproductive des adolescent(e)s, des jeunes filles et des garçons. C'est pourquoi, nous avons inclus un responsable des leaders religieux dans notre comité. La collaboration avec les dirigeants religieux est essentielle, car ils jouent un rôle crucial en tant que formateurs, en transmettant ces connaissances importantes au sein de la communauté.' Leur participation renforce notre engagement à nous rapprocher de tous les membres de la société et à garantir que personne ne soit exclu de l'accès aux services de santé sexuelle et reproductive.
Quant aux autres parties prenantes, nous collaborons avec le ministère de la Santé, en particulier la Division provinciale de la santé (DPS) via le Programme national de la santé de l'adolescent (PNSA), le Programme national de santé et de reproduction (PNSR), et la division du genre, famille et enfant. De même, nous collaborons avec la division de la communication de la province de l'Equateur, le ministère en charge des personnes vivant avec handicap et autres personnes vulnérables.
Promouvoir la masculinité positive

Groupe de jeunes travaillant sur différentes thématiques : le blogging, les causeries éducatives de porte-à-porte et la masculinité positive pour atteindre les jeunes. Photo Oxfam 2023.
Parmi nos interventions, nous diffusons des informations sur la santé sexuelle afin que les personnes cibles soient au courant des services de santé disponibles. Nous utilisons des techniques telles que le blogging, les causeries éducatives de porte-à-porte et la masculinité positive pour atteindre les jeunes. La masculinité positive est une initiative qui vise à encourager les jeunes hommes à soutenir les droits des femmes. Ce sont des jeunes garçons qui font la promotion des droits des femmes et qui aident les autres jeunes garçons à pouvoir intégrer le genre, donc la femme dans la philosophie du programme.
Nous avons également des pairs éducateurs qui travaillent avec les membres de la communauté LGBTQ+. Ils sensibilisent sur la prévention des infections sexuellement transmissibles au sein de la communauté LGBTQ+ de la province de l’Équateur, où la prévalence du VIH est de 5 %. Nous faisons de notre mieux pour promouvoir la stratégie de prévention pour que nous cassions la chaîne de transmission.
Changer les mentalités n’est pas facile
C'est vrai qu'il y a eu beaucoup de défis, notamment lorsque nous avons commencé à travailler avec les populations LGBTQ+ dans la province. Vous savez, avec la discrimination qu’ils vivent, ils sont méfiants. Mais lorsqu'ils ont vu les réalisations, et quand nous les avons sensibilisés sur la prévention d'infection et l'inclusion sociale, nous avons été compris par la communauté LBGTQ+.
Aussi, le fait de travailler avec les jeunes filles et garçons, leur fournir des pilules et des contraceptifs, était mal perçu. La communauté croyait que l'on enseignait aux jeunes la sexualité avant l'âge, alors que l'éducation sexuelle précoce ne promeut pas la sexualité précoce, mais plutôt la santé, la responsabilité et le respect de soi-même et des autres. Les études ont montré que l'âge moyen des premiers rapports sexuels dans cette province, c'est autour de 13 et 14 ans. A présent, la population a compris que c'est normal que nous puissions travailler avec cette population, et surtout cette tranche d'âge. Informer, c'est faire de la prévention.
Il y a même du travail de sensibilisation à faire auprès des prestataires de soins. Les études de base ont montré que les prestataires de soins constituent un frein à l'offre des services en santé sexuelle et reproductive. Par exemple, si une adolescente de 14 ans se rend dans un centre de santé et demande les services liés à la contraception ou à la prévention des infections sexuellement transmissibles, elle est perçue comme une personne qui est déjà perdue. Pour les prestataires de soins, ce n'est pas quelque chose de normal qui peut exister.
Face à cette mauvaise perception, nous avons fait de notre mieux pour pouvoir les sensibiliser, les former, et leur fournir des informations leur permettant de comprendre que cela est normal. Enfin, nous réhabilitons les maternités, nous apportons de l'eau, notamment par le forage de puits, nous améliorons les services de soins, les plateaux techniques, y compris les tables d'accouchement, les fosses à placenta, les fosses à cendre, bref, nous mettons en place la zone à déchet au sein des hôpitaux partenaires.
Influencer pour changer les politiques
Nous cherchons aussi à influencer certaines politiques et les pratiques existantes qui freinent parfois notre engagement parce que quand on sait que vous pouvez tout faire seul, et lorsque l'autorité locale n'est pas impliquée dans la prise de décision, eh bien tout ce que vous allez faire va s'arrêter quelque part. C'est pourquoi, nous influençons, nous faisons du plaidoyer inclusif pour changer les habitudes négatives.
Nous travaillons avec des associations et des mouvements féministes locaux ; qui ont des moyens de pression pour faire entendre ou amplifier leurs voix pour obtenir un changement concernant leur bien-être dans la communauté.
Enfin, il est indéniable que les femmes sont toujours victimes d’inégalités dans de nombreux pays, où elles sont privées de leur droit de choisir leur partenaire, le nombre d'enfants qu'elles souhaitent avoir et même l'accès aux soins de santé. Cependant, grâce au programme "Pouvoir Choisir" d’Oxfam en RDC et la contribution de ses partenaires, des progrès significatifs ont été réalisés pour permettre aux femmes et aux adolescentes d'accéder à plus de liberté et d'autonomie, en particulier en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs.
Le projet a touché un grand nombre de personnes, notamment 9 440 adolescents, y compris 3 630 jeunes filles et 3 190 jeunes garçons. Il a également ciblé les professionnels de santé, les leaders communautaires et politiques, les associations et les mouvements de jeunes, ainsi que les communautés marginalisées. Grâce à ses actions, Oxfam et ses partenaires ont travaillé sur trois axes d'intervention essentiels : le renforcement du pouvoir des femmes, des jeunes et des communautés ; l'amélioration de la qualité des services de santé ; et enfin, l'influence des politiques et des pratiques.
Ces efforts témoignent de l'engagement d'Oxfam et de ses partenaires à combattre les inégalités de genre, à promouvoir la santé sexuelle et à garantir les droits des femmes et des adolescentes. En continuant à travailler ensemble, en sensibilisant et en plaidant pour des politiques inclusives, nous pouvons espérer un avenir où chaque femme aura le pouvoir de choisir sa propre destinée, sans aucune restriction ou discrimination liée au genre. Avec persévérance et détermination, nous pouvons contribuer à la construction d'une société plus équitable et juste pour toutes et tous.