Le territoire de Kalehe dans la province du Sud-Kivu à l'Est de la RDC est confronté à une crise humanitaire à la suite des inondations et glissements de terrains dus à des pluies torrentielles en date du 04 mai 2023 . Le débordement d'eau de pluie a été à l'origine de la destruction des infrastructures de base dans deux aires de santé, Bushushu et Nyamukubi où l'eau a emporté des maisons, des biens de valeurs, détruit des champs et fait des morts.
Plus de 443 personnes seraient décédées et plus de 5 000 personnes seraient disparues. Les survivants, estimés à plus de 18 000 personnes (ou 3000 ménages), vivent dans des écoles, des églises, et sites spontanés, dépourvus de tout service d'eau, d'hygiène et d'assainissement.
« Avant la catastrophe, je vivais dans le village de Nyamukubi, raconte Lawrence Kakira . Au moment de la catastrophe, je revenais du marché lorsque les inondations se sont produites. Malheureusement, j'ai tout perdu et c'est ainsi que je me suis retrouvée sur ce site. Depuis notre arrivée ici, notre casse-tête était de trouver de l'eau potable. »
« Nous n'en avons pratiquement pas trouvé, alors que l'eau joue un rôle très important dans nos foyers, que ce soit pour boire ou pour cuisiner. C'était déjà très difficile pour nous, et maintenant notre crainte est d'attraper une maladie liée à l’eau malpropre. Nous avons été épargnés par la catastrophe, mais ce pourrait bien être l’eau insalubre qui nous emporte. »
« Oxfam est intervenu rapidement, lorsque nous avons vu le personnel d'Oxfam venir évaluer la situation, nous nous sommes sentis soulagés car nous savions qu’au moins en une solution serait trouvée. »

Lawrence Knayuka, rescapée de la catastrophe naturelle de Kalehe. Photo Credit: Yves Kalwira / Oxfam
Oxfam et son partenaire Action des Volontaires Unis pour le Développement et la Santé (AVUDS) répondent à la crise de Kalehe par le biais d’un projet financé par le Fonds humanitaire de la RDC et qui vise à fournir un approvisionnement immédiat en eau à 18 000 personnes affectées par la réparation et la réhabilitation des réseaux d'approvisionnement en eau, des puits et des sources endommagés (5 400 filles, 4 500 garçons, 4 320 femmes et 3 780 hommes).
Oxfam et AVUDS distribuent à 2788 ménages des biens de première nécessité non-alimentaire (constitués de seaux, gobelets, bidons et des savons), réhabilite des latrines dans les centres de santé et les écoles, construit des douches et latrines d’urgence dans des sites, promeut la santé publique par la sensibilisation à l'hygiène et forme les membres de la communauté à l'approvisionnement en eau et à l'entretien des latrines.
Venue de Bushushu lors des récentes inondations, Mme NSIMIRE vit maintenant dans le site de personnes sinistrées dénommé Mushonezo, à Kalehe centre. Avec des centaines d'autres personnes, les conditions de vie dans ce site sont difficiles, et Nsimire a été particulièrement préoccupée par le manque d'installations sanitaires : « Avant, nous devions aller aux toilettes dans la brousse. C'était très dangereux et pas du tout hygiénique. Nous avions aussi peur d'être contaminées par des maladies, notamment des infections pour nous les femmes ».
Le projet vise également à identifier 2 500 filles et femmes qui bénéficieront des articles non alimentaires d'hygiène intime (serviettes hygiéniques multi-usage, des sous-vêtements, carafe en plastique, savons multi-usage et des cordes de nylon) cette distribution sera couplée à des campagnes de sensibilisation à l'hygiène.
Mme Lawrence KAKIRA est soulagée par la proximité de l'eau sur le site où elle vit désormais : « Aujourd'hui, c'est un véritable soulagement de voir que l'eau propre coule déjà à quelques mètres de ma petite hutte. Notre appel concerne maintenant d’autres interventions car nous avons besoins de presque tout. »

Réparation et la réhabilitation des réseaux d'approvisionnement en eau, des puits et des sources endommagés . Photo Credit: Yves Kalwira/ Oxfam
Malgré ces efforts, il reste en effet des besoins importants à satisfaire. Justine Tossou Gomis, Directrice Pays d’Oxfam en RDC appelle la communauté internationale à agir pour éviter de nouvelles souffrances : « J’ai échangé avec les membres de la communauté, et ils espèrent que des solutions durables seront trouvées. Ils vivent encore sur des terrains fragiles et bientôt c’est la saison pluvieuse qui arrive, d’où, ils restent à la merci des intempéries. Je lance un appel à la communauté internationale, pour qu’ensemble nous prenions des dispositions afin d’éviter le pire ».
De nombreux habitants souffrent encore de mauvaises conditions de vie et du manque d'installations sanitaires. CIZA Bahavu Célestin, le président du site Mushonezo, reste préoccupé par le manque de nourriture pour les 317 ménages vivant sur le site. L'aide fournie est insuffisante pour de nombreuses personnes qui ont perdu leurs moyens de subsistance à cause de la catastrophe.
À part la crise humanitaire liée aux catastrophes naturelles, le territoire de Kalehe continue d'accueillir des personnes déplacées qui fuient les affrontements entre groupes armés dans le territoire de Masisi, situé dans la province voisine du Nord-Kivu. Depuis le 15 août, environ 1 800 personnes nouvellement déplacées sont arrivées dans la zone de santé de Minova, portant le nombre total de déplacés à plus de 120 000 depuis février 2023. Ces personnes déplacées se sont installées dans les écoles et vivent dans des conditions précaires. L'occupation des écoles par les personnes déplacées, la pénurie de biens de première nécessité, la concentration des personnes autour des points d'eau, ainsi que l'augmentation des prix des denrées alimentaires due à une demande croissante sur les marchés, contribuent à la détérioration du climat de cohabitation entre les personnes déplacées et les communautés hôtes.
D'après la société civile locale, environ 16 500 personnes déplacées vivent dans des conditions précaires dans le groupement de Mbinga Nord. Ces personnes ont fui, depuis mai 2023, les exactions répétées des groupes armés dans les Hauts Plateaux de Ziralo et de Nyamukubi, situés dans la zone de santé de Kalehe.