Plus de la moitié des financements climat accordés aux États fragiles et affectés par des conflits en Afrique pourraient endetter davantage ces États.
Le financement de la lutte contre le changement climatique est terriblement insuffisant pour maintenir le réchauffement en dessous de 1,5 °C ou protéger les populations des effets dévastateurs du dérèglement climatique, et ce déficit est particulièrement évident dans les pays en proie aux conflits ou qui ne sont pas en mesure de fournir des services de base à leurs communautés.
Dans une note publiée aujourd'hui, «Laissé·es pour compte en première ligne : Revue des financements climat destinés aux états fragile et touchés par des conflits en 2019-2022 », Oxfam montre que la part du financement climatique total accordé aux États fragiles et affectés par un conflit (en anglais Fragile and Conflict Affected States, FCAS) entre 2019 et 2020 était en moyenne de 13,64 dollars par personne et par an. Ce chiffre tombe encore plus bas – à 6,68 dollars par personne et par an – dans les pays confrontés à un conflit en cours, laissant les communautés ravagées exposées aux effets dévastateurs du dérèglement climatique.
Les recherches d'Oxfam révèlent également que 55 % des financements accordés aux FCAS en Afrique l'ont été sous la forme de prêts et d'autres formes de financement de la dette, ce qui ne fera qu'aggraver l'endettement des États fragiles. Le Nigeria a reçu la plus grande part des financements climatiques générateurs de dette (95 %), suivi par le Cameroun (87 %) et le Burkina Faso (57 %). En 2022, 13 des 20 FCAS africains (65 %) présentés dans l'étude présentaient un risque élevé de surendettement ou étaient en situation de surendettement.
« De nombreux pays africains ont de graves problèmes d'endettement - des pays entiers sont menacés de faillite. Aujourd'hui, pour faire face aux effets dévastateurs d'une crise climatique qu'ils n'ont pas provoquée, ils doivent emprunter davantage. Le financement de la lutte contre le changement climatique plonge l'Afrique dans le piège de l'endettement. Cette situation est hypocrite et insoutenable. Il faut que cela cesse. Il n'y a pas de justice climatique sans justice de la dette », a déclaré Fati N'zi-Hassane, directrice d'Oxfam en Afrique.
Seulement 6,4 % du financement mondial pour le climat en 2019-2020 est allé aux 20 FCAS africains inclus dans l'étude d'Oxfam. Chaque pays a reçu, en moyenne, 0,32 % du total des fonds.
« L'un des problèmes est que la majeure partie de l'argent destiné à l'action climatique est fournie sous forme de prêts. Un autre problème est que, malgré l'escalade de la dévastation climatique à travers l'Afrique, l'aide est trop faible et trop lente », a déclaré M. N'zi-Hassane.
Oxfam estime que deux milliards de personnes, soit un quart de l'humanité, vivent dans des pays qui ne devraient pas être contraints d'emprunter davantage en raison de leur niveau d'endettement. Obliger ces pays à contracter des emprunts pourrait entraîner de nouvelles coupes dans les dépenses publiques, ce qui aurait des conséquences dévastatrices pour les personnes qui vivent déjà dans la pauvreté.
Oxfam appelle à davantage de financements climatiques pour les FCAS sous forme de subventions, à ce que les programmes climatiques intègrent mieux la sensibilité aux conflits dans leurs programmes, à ce que davantage de financements aillent aux organisations locales et à une collaboration plus étroite entre les acteurs humanitaires, climatiques et de paix.
« Il est temps de s'éloigner des anciens modèles de financement qui répondent aux préférences des donateurs et de se tourner vers des solutions fondées sur les besoins des pays et des communautés touchés », a déclaré M. Jayoussi. « Nous avons besoin d'une nouvelle ère de financement de la lutte contre le changement climatique, une ère qui donne aux voix locales les moyens d'agir grâce à des financements fondés sur des subventions et qui garantisse un changement durable. »
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Simon Trépanier en Italie | simon.trepanier@oxfam.org | +39 388 850 9970
Annie Thériault à Lima, Pérou | annie.theriault@oxfam.org | +51 936 307 990
Pour plus d'informations, consultez @OxfaminAfrica
- Plus de la moitié des pays les plus pauvres du monde (57 %), dans lesquels vivent 2,4 milliards de personnes, se verront contraints de réduire conjointement leurs dépenses publiques de 229 milliards de dollars dans les cinq prochaines années.
- Pour en savoir plus sur la sécheresse provoquée par le climat en Irak et en Syrie : https://www.worldweatherattribution.org/human-induced-climate-change-compounded-by-socio-economic-water-stressors-increased-severity-of-drought-in-syria-iraq-and-iran/
- Pour en savoir plus sur l'évaluation des pays en fonction de leur vulnérabilité climatique et de leur manque de préparation à répondre aux impacts climatiques : https://gain.nd.edu/our-work/country-index/
- Pour en savoir plus sur le renforcement de la collaboration entre l'humanitaire et le financement climatique : https://policy-practice.oxfam.org/resources/leaving-no-one-behind-a-green-bargain-for-people-and-planet-621545/