Chaque jour, des millions de filles et de femmes en Afrique subissent des violences physiques, sexuelles, psychologiques, économiques, numériques et institutionnelles ;
Ces violences ne sont ni des faits divers, ni des fatalités. Elles sont le produit de systèmes sociaux patriarcaux et d’injustices structurelles tolérées dans nos sociétés et maintenues par l’impunité dont jouissent leurs auteurs ;
Le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique, connu sous le nom de Protocole de Maputo, adopté en 2003 avait porté l’espoir des femmes d’une mise hors-la-loi des violences faites aux femmes « que ce soit dans la vie privée ou dans la vie publique, en temps de paix, en situation de conflit ou de guerre », mais son impact a été tellement limitée sur cette question que les États membres eux-mêmes ont décidé d’adopter un nouvel instrument juridique qui lui est spécifiquement dédié.
En plus de s’attaquer à toutes les formes de violences structurelles et culturelles auxquelles les femmes et les filles font quotidiennement face, la nouvelle Convention de l’Union africaine promeut la coopération entre les États membres sur cette lancinante question de la violence et renforce les pouvoirs de la Commission et de la Cour africaines des droits de l’homme et des peuples en matière de suivi de la mise en œuvre de ses dispositions pertinentes.
Cette Convention est notre conquête collective : celle des survivantes, des jeunes, des militantes rurales et urbaines qui luttent sans relâche pour leurs droits. Nous refusons le silence, l’attente et l’inaction. Nous aspirons à une Afrique où nos droits sont garantis, nos récits reconnus, et notre sécurité assurée. Les voix doivent être entendues dans tous les espaces où les Etats prennent des décisions concernant les vies, les droits, les corps des femmes.
A ce jour, seuls six États membres de l’Union Africaine ont signé le document et aucun ne l’a encore ratifié. La mobilisation doit donc être redoublée si l’on veut améliorer la vie des femmes et des filles sur le continent.
Les organisations signataires de la présente Déclaration, y compris les réseaux de jeunes, survivantes et activistes féministes d’Afrique, et leurs partenaires unissent leurs voix pour demander aux États membres de l’Union africaine :
- D’accélérer la signature et la ratification de la Convention de l’Union Africaine sur la prévention pour assurer une prise en charge effective des femmes et des filles quotidiennement violentées, être plus efficaces dans les poursuites contre leurs auteurs ;
- De renforcer la coopération interétatique en vue d’une élimination rapide des violences faites aux femmes et aux filles en Afrique, adoptée en février 2025.
Elles appellent, en outre, à :
- La mise en œuvre effective de leurs engagements à travers des budgets alloués, des lois ambitieuses, des politiques publiques transformatrices, et des systèmes de suivi indépendants ;
- La participation pleine et entière des jeunes féministes, des survivantes et des organisations de la société civile locales à tous les niveaux de mise en œuvre et de suivi ;
- Une vulgarisation accessible et inclusive de la Convention, via le numérique, les langues locales, les espaces communautaires et les médias ;
- La fin de l’impunité et l’instauration d’une justice transformatrice pour toutes les formes de violences faites aux femmes et aux filles.
L’heure est venue d’agir et de faire de cette Convention un outil de transformation, un acte de justice et une dette de dignité que chaque État africain doit honorer. Nous avons l’obligation de lui donner vie.