En République Démocratique du Congo (RDC), un conflit prolongé a entraîné le déplacement de millions de personnes dans l’est du pays, les forçant à abandonner leurs foyers et à chercher refuge dans des camps de fortune. Mme Fati Nzi Hassan, directrice d'Oxfam en Afrique, est allé à la rencontre des femmes déplacées sur le site de Rusayo, dans la province du Nord-Kivu.
Le défi des produits menstruels pour les personnes déplacées
Parmi les défis auxquels sont confrontées ces femmes et ces jeunes filles, la gestion de leurs menstruations occupe une place prépondérante. Dans un environnement précaire où l'accès à l'eau, à l'hygiène et à l'assainissement est très limité, l'utilisation de produits menstruels adaptés relève souvent du parcours du combattant.
Mme Fati Nzi Hassan nous confie : "Lorsque nous arrivons sur ces sites, nous constatons que de nombreuses femmes et jeunes filles n'ont pas accès à des produits menstruels de qualité. Elles doivent se débrouiller avec des solutions de fortune, ce qui porte atteinte à leur dignité et à leur bien-être. C'est un sujet encore trop souvent tabou, mais qui a un impact direct sur leur santé et leur inclusion sociale. Ces obstacles viennent s’ajouter aux nombreuses violences basées sur le genre auxquelles elles font face quotidiennement"
En effet, l'absence de produits menstruels adaptés conduit bien souvent ces femmes et ces jeunes filles à s'isoler pendant leurs règles, les empêchant de participer pleinement aux activités communautaires mais également à travailler afin de nourrir leurs familles. Cela peut également avoir des répercussions sur leur scolarité, leur employabilité et, in fine, sur leur autonomie.
Une jeune femme âgée de 25 ans, qui préfère garder l’anonymat, raconte : "Autrefois, je devais me débrouiller avec des morceaux de tissus que je trouvais ici et là." Je me sentais extrêmement mal à l'aise et ressentais souvent une grande gêne et honte. Avant l'arrivée d'Oxfam sur ce site, pendant mes menstruations, je ne disposais ni d'eau pour me laver ni pour les lessiver. Fréquemment, j'ai conservé, dissimulé ces linges dans un endroit malheureusement, car en raison de l'absence d'eau, il arrivait parfois que ces linges dégageaient une odeur désagréable. Sans eau pour me laver, j'ai ressenti une grande douleur et un mal être et j'ai eu du mal à m'approcher des autres, m’isolant pendant toute cette période. Depuis que Oxfam a mis en place des infrastructures d'eau sur ce site, je suis soulagée.
L'action d'Oxfam pour une meilleure gestion des menstruations
Face à ce constat, Oxfam a mis en place des programmes spécifiques visant à améliorer l'accès aux produits menstruels pour les femmes déplacées. L'organisation travaille en étroite collaboration avec les communautés locales afin de comprendre leurs besoins et leurs préférences en matière de produits menstruels.
Mme Fati Nzi Hassan : "Nous proposons une gamme de solutions adaptées, allant des serviettes hygiéniques classiques aux culottes menstruelles réutilisables. Nous formons également les femmes et les jeunes filles à l'utilisation et à l'entretien de ces produits, afin de garantir leur bonne gestion dans le temps."
L'objectif est de permettre à ces femmes et ces jeunes filles de vivre leurs menstruations dans la dignité, sans avoir à renoncer à leurs activités quotidiennes. Oxfam assure un accès à l’eau et aux infrastructures sanitaires avec le soutien du financement du Bureau d’assistance humanitaire du Gouvernement des Etats Unis (BHA). Cela passe également par la sensibilisation des communautés sur l'importance de la santé menstruelle et l'éradication des tabous qui y sont encore trop souvent associés.
Un appel à la mobilisation
Comme le souligne Mme Fati Nzi Hassan, "avoir l'aide d'Oxfam ou d'autres organisations qui apportent leur soutien dans ce domaine-là peut vraiment faire la différence. À un moment où on a l'impression, en tant qu'être humain d'être au plus bas. Donc ce sont ce genre d'histoires, ce genre de témoignages qui nous donnent vraiment le courage de continuer notre travail et d'appeler à plus de mobilisation au profit des personnes en besoin."
En effet, les besoins restent immenses et les défis à relever nombreux. C'est pourquoi Oxfam lance un appel à la mobilisation de tous, afin de permettre à davantage de femmes et de jeunes filles de vivre leurs menstruations dans la dignité, où qu'elles se trouvent.
Car comme le dit si bien Mme Fati Nzi Hassan, "changer le monde, c'est d'abord changer la vie d'une seule personne." C'est ce à quoi s'attèle Oxfam, jour après jour, au côté des communautés les plus vulnérables.